Préface

L'Évasion du désir

« Si la vie est un songe », comme le suggère William Shakespeare, avant Pedro Calderon, on peut, sans malice, se demander si chez Ode, le songe ne représente pas la vie.

Je ne pouvais pas rédiger la préface de ce recueil remarquable, sans commencer par cette “opposition positive” entre ce que nous appelons le réel et ce qui est imaginé.

Ma seule ambition étant de vous faire découvrir « les médaillons poétiques », dernière parution de cette auteure.

Le médaillon est, par définition, un bijou de forme circulaire ou ovale à l’intérieur duquel on place un portrait, un mèche de cheveux ou un souvenir irremplaçable et par conséquent précieux.

Cette nouvelle œuvre de cette poète nous propose un monde clandestin et passionné où chaque page est un bijou de mots ciselés, de mirages au plus près du cœur.

Au rythme personnel de la découverte, le lecteur perçoit de plus en plus nettement les grandes ailes de son âme sous le regard troublant de la lune.

Comme le petit Poucet, Ode a semé sur le chemin de ses jours non pas de petits cailloux blancs, mais de minuscules émotions qui font courir le sang dans l’arbre des artères jusqu’à la naissance du cœur. N’est-ce pas en ce lieu sacré que chante la Lumière éternelle ?

La lecture de ce recueil d’une richesse et d’une sensibilité inouïes, métamorphose « le quotidien en robe grise » en une promesse ivre d’amour et de liberté qui permet à chacun d’entre nous, d’envisager un tout autre avenir où l’impossible n’existe pas.

Conscient de cela, je n’hésite pas à écrire que cette auteure est une « magicienne » du langage. Elle connait la Clef imaginaire qui ouvre les portes d’un univers chaleureux et tendre, sensuel et passionné. Un monde sans routine, capable de sécher les pleurs, d’enivrer les plus sages et de séduire les plus résignés.

Notre chaos intérieur, à la démarche incertaine et imprévisible cède alors la place à la tentation charnelle de ces images où l’apparition d’un oiseau Merveilleux chasse les mensonges de tout ce qui commence dans l’ombre de la matière.

Le lecteur ne doit pas redouter l’hypocrisie de son propre présent, car dans cette œuvre il se trouve à des années lumière des spots publicitaires, des calculs sordides et des inégalités soumises au pouvoir carnivore de la haute finance.

Ode offre une caresse dans la nuit, un refuge au milieu de l’incendie, un appel au bord de l’abîme. En effet, le Verbe souverain de la poète est ici une ivresse éblouissante, presque enfantine par la pureté, qui se souvient des étoiles quand elles jouaient encore avec le sourire des premiers hommes.

Ode a retrouvé, au fond de son miroir, la beauté qui nacre ; de ses mains d’arc en ciel, la majesté du cosmos.

L’euphorie poétique jaillit tel un geyser brisant les murs, mettant en déroute les jours maudits, effaçant les frontières, tandis que la fièvre des images subjugue le Temps, ce Temps jaloux qui nous épuise et nous tue.

Vagabond de l’irréel, passeur d’imaginaire, Ode, sans le savoir peut-être, invente, sous nos yeux ébahis, un Royaume pour les âmes perdues, un rayon divin pour guider ceux qui croient encore en l’Amour. Vision céleste d’un itinéraire qui se renouvelle sans cesse.

L’absence et le doute n’ont plus le droit de cité dans ce paysage nouveau imaginé par l’enfance du cœur toujours en quête entre le silence glaçant et la mort affamée.

Au fil lancinant des heures, la poète a su enchâsser, à la barbe des épreuves humaines, chaque diamant d’amour dans le plus grand mystère d’une image unique, en forme de médaillon.

« Le pays des chimères est en ce monde, le seul digne d’être habité. » A écrit Jean-Jacques Rousseau, dans son roman « La nouvelle Héloïse ».

Le présent recueil lui fait écho en soulevant le voile invisible et pourtant bien réel de sa vie intérieure.

Alors, cher lecteur, qui que tu sois, ne résiste pas à cette aventure merveilleuse. Les médaillons de cet opus changeront, à jamais, le souffle de ta vie !

- Victor Varjac
Poète et dramaturge
France

Nous aimer à la lampe de la lune
fanal lumineux
qui éclaire nos nuits
et installe les jours

Sentir monter la marée
à bout de ciel
à bout de souffle
à goût de ciel

La nuit est de braise
le jour est de cendres

Rêvons de la renaissance
de notre source d’enfance

~*~

Un oiseau donne naissance à la lune
Un oiseau amincit mon chagrin
Un oiseau m’ouvre le chemin des étoiles
Un oiseau m’annonce que tu seras là demain

~*~

Géométrie lunaire
Topographie des lieux
Voilier à la mer
À l’horizon de nos feux
Une étoile filante
Faisons un vœu

~*~

Un nom sur nos amours
Couvrez-moi de votre ombre
Aimons-nous mon amour
Même dans ces jours sombres

~*~

Le silence est de feu
à force de distance
et d’espace

La tourmente en mon corps

Seul un orage fort
saura calmer ce brasier

~*~

L’homme penché sur sa source
parachève son œuvre
sous la lampe de nuit éclairée

Que vienne le jour
pour admirer l’œuvre achevée

Ne jamais se reposer
toujours rester en éveil

La création n’attend pas,
elle

~*~

Mes amours dureront
jusqu’au nœud de ma mémoire
L’enfant en moi est la garantie

de la permanence

~*~

Soleil-mémoire
Paroles éclatées
Pensées-tiroirs
Le feu de ton regard
Le puits de tes yeux
Source bleue
Jaillissante fraîcheur
Limon d'espérance

~*~

Je te coucherai
au creux de mes mains
pour voir ton visage
plus près de mon amour

Je te noierai de mes eaux
afin que l’éternité
n’épuise jamais
notre joie d’aimer


~*~

Le volcan de mon amour
- Lave à mouler mes hanches -
Est aux formes de la naissance
De nos liens éternels
De nos amours charnels

Le brasier d’une naissance
L’enfance se fait jour
L’amour se fait chair
Naissance des mots

Beauté de l’attente

~*~

Ferme les yeux
Mon adoré
Ferme les yeux
Revis en pensée
Nos passions
Nos cœurs tendres
Nos corps en action
Ferme les yeux
Aimons-nous
À distance

L’amour est la réjouissance
de la chair
habitée par l’absence

~*~

Toutes mythologies
Toutes légendes
Cherchent figures
À saveur de mémoires
À hauteur de rêves
Et de Vies

~*~~

Au niveau de l’hiver
À la hauteur de la mer
Le soleil cherche l’oiseau
Ouvre large son arc-en-ciel
Au-dessus des prés blancs
Vole l’Harfang des neiges

~*~

D’octobre à mai le temps est passé
comme un vol d’oiseaux

~*~

En attendant que tu arrives
je dormirai sur le seuil du soir
Remonte le courant
que je sente ta main
recommencer le monde

~*~

L’interdit a des goûts de désir
d’intenses plaisirs
Jours et nuits en sursis
de délire, de passion

Transgressons

~*~

Marchant dans la bourrasque
à rebours de nos amours défendues
fragments d’éternité
sous les ailes de l’Oiseau Vermeil

~*~

Ma vie à bout de souffle
tombe dans l’abîme
de vos bras aimés
Elle tombe à bout de semence
dans vos aime-greniers

~*~

Entre deux sommeils,
l’écriture
Entre deux soleils,
sculpture, peinture
Entre deux réveils,
toi, mon amour

~*~

Largue tes amarres

au cœur de mon âme

avant que le temps

ne me prenne entière

que les voiles embarquent le ciel

que le quai de mon amour

ne soit enfoui sous le sable de la plage

~*~


 Nos amours marines

au goût de sel
préparent les grand voyages
au-delà de la mer océan

~*~

Dépassées les frontières de l’abandon
je parcours mes jours et mes nuits
à attendre qu’exultent
nos amours grandissantes

~*~

Ce ventre enfiévré à tes mots
peut souffrir mille maux
dans la seule espérance
que tu reviennes de ton errance

~*~

La faim exaspère ma chair
Mon art dévore mes énergies
Tes mots me ramènent à la santé
Je ne crains pas la famine

Tout est bouleversement
Dans le ciel de tes yeux
J’y vole, je m’y noie, je te bois
Ma vie en est toute retournée

~*~~

La page blanche du silence
de nos amours-distance
a été griffonnée par nous
à l’encre sympathique
Langage encodé
Mots gardés secrets
Cryptés à jamais

~*~

Vole bel oiseau des montagnes
jusqu’à l’espace haut des neiges éternelles
Vole, être ailé
le soleil te réclame

~*~

L’oiseau vise la cible
pour ne pas improviser sa chute
De ses ailes majestueuses
il pointe vers le sol
Magnifique puissance de la descente

~*~

Je bois le vin nouveau
du feu des entrailles
de la terre, des cépages
tortueux et anciens

Transgresser la soif
pour la seule aventure
de t’aimer

~*~

Les plages de l’aube
emportent la fatigue
de nos corps épuisés
de tant de jouissance

Survie de la nuit

~*~

Tel un Picasso
Formes insérées
Je me sculpte à toi

Œuvre bicéphale

~*~

Sublimer en un langage sibyllin
Comme runes obscures
Comme lunes à rebours d’étoiles
Je garde mon mystère

~*~

J’exulte de bonheur
à la seule pensée de ton visage
J’exalte de toute mon âme
à la seule pensée que tu m’aimes

~*~

À l’infini du point de fuite
il y a la plage,
les galets de l’enfance
Itinéraire des grands oiseaux

À l’infini du point de fuite
il y a toi le mystère
perdu dans le magma
du chaos primitif

À l’infini du point de fuite
il y a l’initiation
Grandeur de la Connaissance
des secrets révélés


Nos grandes nuits blanches
à s’aimer, enveloppés de rayons de lune
Vermeille clarté, nous volons
comme dans un tableau bleu de Chagall

~*~

À ta fontaine, j’étanche ma soif
À tes fleurs, je me parfume
Dans tes hautes herbes, je t’aime
Dans tes nuages, je rêve

~*~

À l’ombre de la stèle du Temps
portant des runes d’antan
des puissances occultes
protègent les amours interdites

À l’ombre de la stèle du Temps
une prêtresse veille
à ce que s’accomplisse le Jour
de la Grande Révélation

~*~

De nos amours-frontières
À l’extrême limite du désir
Je vois poindre de l’ombre la lisière
Des jours et des nuits torrides à venir

~*~

Silence, plus un mot
écoutons le cri des vagues
Savourons ce langage
qui chante nos origines

Dans le courant subtil de l’invisible
de la mer originelle
je renais à un nouveau corps
sensible
Renaissance désirée

~*~

Écoute le chant de la source
comme la flûte du berger
Flamboiement de mon être
à ces sons angéliques

~*~

Mes espoirs fabriqués de rêves
et de tourmentes
s’en vont, avec le fleuve
se jeter dans la mer

~*~

Cueillir le vent sur la plage>
bout de cerf-volant
nos cœurs d’enfant
s’envolent à hauteur d’oiseaux

~*~

Extase sublime infusée
Parfum essence de vie
Sentir monter la marée
De nos amours inachevés

~*~

Fusion des désirs aimantés
amants d’au-delà les étoiles
Astres physiques soudés
à la danse des amours folles

~*~

Goûter la substance
d’un fruit savoureux
d’une larme d’étoile
d’un grain de sable

~*~

Soleil de plomb
lourd sous la semelle du temps
Source montagneuse
désaltère les voyageurs de l’intemporel

~*~

Temple sacré
aux colonnes composites
tubulaires aux feuilles d’acanthe
rituels occultes des déesses de l’amour

~*~

Sibylle prophétisant
Des mers grosses et périlleuses
Aux navigateurs audacieux
En partance vers d’autres horizons
Ignorée par l’orgueil de ces hommes
Qui accomplissent leur destin

~*~

Cybèle, Mater, si belle
annonce aux dieux
les jours à venir
La Mesure du Temps est venue

~*~

Rituels païens, incantations inaudibles
dans le lieu tenu secret
chargé de grands cèdres millénaires
Nostalgie d’une vision antique

~*~

Hommes conquérants
dominateurs et prétentieux
s’inventent religions et croyances
pour ne pas perdre l’Éternité

~*~

Lune éclatée de décembre
Soleil éclaté de mars
Sentiments éclatés des amours qui passent
Rires éclatés des amants heureux

~*~

Les forces occultes donnent naissance
aux rêves les plus fous
rappellent l’Oiseau Vermeil
avant la saison prévue

~*~

À l’horizon du soleil couchant
éclairés les temples
de couleurs cramoisies
Heure des rituels amoureux

~*~

Dans la Cité Interdite
il n’y a plus que structures et ruines
Traces d’humanité
de temps lointains venue

~*~

Déesses Gardiennes du Temple sacré
Déesses noires aux seins nus
Sans bouches et sans parole
Écritures-symboles, pouvoirs inconnus

~*~

Les statues gigantesques
enfoncées dans le sable de la plage
hypnotisent les marins
qui échouent sur l’île

~*~

Le Sylphe demande au grand oiseau
de porter un message tendre
à sa Sylphide ailée, son bel Ange
Grandeur des amours celtiques

~*~

Senteur de papier artisanal
odeurs des pigments intégrés
images incasiques
volupté du regard et du toucher

~*~